1€=1$, une première en 20 ans - e-doc CACEM

Un euro vaut un dollar. Pour la première fois en 20 ans, un euro ne permet plus d'acquérir qu'un dollar. Une parité des deux monnaies plus due à l'effondrement de l'euro qu'à un renchérissement du billet vert... et qui ne sera pas sans conséquence pour les Européens. Décryptage.

L'euro avait atteint son niveau le plus bas le 26 octobre 2000, à 0,823 dollar, en période de récession. Son plus haut niveau a été atteint le 15 juillet 2008, après la chute du dollar plombé par la crise des subprimes, à 1,60 dollar.

Pourquoi une telle chute ?

Parmi les raisons qui tirent la monnaie européenne vers le bas, l'inflation, les craintes d'une récession, la guerre en Europe et ses conséquences sur, notamment, les approvisionnements énergétiques.

En zone euro, l'activité économique a tellement ralenti en juin, qu'elle a atteint son plus bas niveau depuis début 2021.

Chute de leuro

Le dollar reste stimulé par une politique monétaire qui a fortement remonté ses taux dès la mi-juin, quand la Banque centrale européenne ne l'a pas encore décidé à son niveau. De quoi attirer les capitaux outre-Atlantique... au détriment de la monnaie européenne.

Quelles conséquences sur pour le pouvoir d'achat des particuliers ? 

A l'heure actuelle, près de 50% des produits importés par les pays de la zone euro sont facturés en dollars, contre un peu moins de 40% en euros. Parmi eux, la plupart des matières premières, à commencer par les hydrocarbures (pétrole, gaz...) dont les cours s'envolent.

Aujourd'hui, il faut donc dépenser plus d'euros, pour payer ces produits libellés en dollars. Dans une moindre mesure, les produits vendus en euros mais comportant ou nécessitant des matières premières achetées en dollars risquent aussi de flamber.

Au-delà des seuls biens de consommation, le tourisme international risque de coûter plus cher aux Européens. A l'inverse, les touristes venus en Europe et payant leur séjour en dollars - en premier lieu, les Américains - risquent de massivement profiter de la parité euro-dollar, en consommant plus pour la même dépense.

Quel impact sur les entreprises de la zone euro ?

Parmi les plus grands perdants, la grande majorité des entreprises françaises : les petits artisans et commerçants. Peu susceptibles d'exporter leur production, ils sont directement concernés par la flambée des coûts de l'énergie et d'autres matières premières importées.

Du côté des grands gagnants, l'industrie manufacturière qui exporte massivement sa production, en particulier dans les domaines de l'aéronautique, de l'automobile, du luxe ou encore de la chimie. Des secteurs où les grands groupes, plus « solides », dominent.

Quelles perspectives ?

A court terme, la baisse de l'euro face au dollar devrait perdurer. Pour faire face, et tenter de contrer l'inflation, la banque centrale européenne devrait à son tour augmenter ses taux d'intérêt, mais ses marges de manœuvre sont limitées. Une hausse trop faible n'aurait pas les effets escomptés, une augmentation trop brutale pénaliserait les pays les plus fragiles, en alourdissant le coût de leur dette.

Reste à anticiper le remboursement de la dette, élevée, de la plupart des pays européens. Surtout après deux ans de crise sanitaire : une croissance même modérée et des taux relativement bas peuvent favoriser le paiement des échéances... à condition qu'elles ne soient pas libellées en dollars.

D'ici à fin juillet, la BCE devrait relever ses taux d'intérêts, pour la première fois depuis onze ans.

Source: DNA-France monde, le 12/07/2022

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