Création de contenus, analyse et comparaison des offres, recherche de fuites, détection d’îlots de chaleur, identification de dépôts sauvages, lutte contre le gaspillage alimentaire… L’intelligence artificielle (IA) offre de multiples promesses aux collectivités.

Avec, à la clef, gain de temps et meilleure productivité, les agents étant déchargés de tâches peu valorisantes et très chronophages. Pour autant, sur un plan éthique, le Conseil d’État a précisé que si l’IA peut assister la prise de décision dans le secteur public, la décision finale est obligatoirement humaine.

La commune des Yvelines, 31 243 habitants, utilise un assistant conversationnel (chatbot) pour traiter les 400 à 600 appels reçus chaque jour, impossibles à traiter par les trois agents du standard d’accueil. Bilan : aujourd’hui, 100 % des appels sont décrochés (contre 30 % auparavant), tous les jours et 24 heures sur 24 heures. Lorsque le robot ne peut pas fournir les renseignements, en renvoyant notamment le citoyen sur le site internet, les appels basculent directement vers le service concerné.

Le département du Val-d’Oise utilise la vidéoprojection augmentée pour détecter les dépôts sauvages et les décharges illégales à l’aide de caméras intelligentes, qui analysent les images satellites d’Airbus. « Lorsqu’un dépôt est constaté, une alarme remonte, une plainte est déposée et la Justice suit son cours », a expliqué Rachid ADDA, directeur général du syndicat mixte Val-d’Oise numérique.

En Isère, c’est la réduction des fuites d’eau qui est ciblée. Entraîné sur 600 000 fuites et 300 000 kilomètres de réseaux, l’outil Leakmited est capable de contrôler un territoire qui dispose de très peu de données, afin d’améliorer la performance des réseaux d’eau potable. Pour y parvenir, les zones à surveiller sont réduites : le logiciel d’IA, créé après plus de trois ans de recherche et développement, identifie les 20 à 30 % du réseau qui concentrent 80 % des fuites. Avec un avantage pour la collectivité : l’entreprise n’est rémunérée que si elle atteint une certaine performance. Ainsi, en Isère, un test effectué sur trois communes (180 km) a permis de trouver 14 fuites en trois semaines, là où les méthodes traditionnelles ne permettaient de détecter que 75 fuites chaque année, sur 850 km de réseau. Grâce à l’IA, il est en effet possible de diviser par quatre le nombre de capteurs nécessaires sur une zone, tout en surveillant davantage l’état du réseau avec moins de capteurs. L’algorithme permettant de travailler avec un faible nombre de données, il peut s’adapter à la taille des réseaux de chaque collectivité.

Le choix d’utiliser l’IA n’est toutefois pas immédiat. La ville et la métropole de Montpellier ont d’ores et déjà interdit aux agents d’utiliser le logiciel gratuit ChatGPT : « un rappel à la loi, en particulier sur la confidentialité des données personnelles », selon Manu Reynaud, adjoint au maire en charge du numérique. Il s’agit simplement de respecter les procédures et de poser les bases de cette interdiction dès maintenant. Une mission dédiée sera mise en place dans les prochains jours.

Source: Weka, le 04/10/2023