Le 21ème siècle demande un investissement inédit dans la gestion de notre parc de bâtiments existants pour l’adapter aux enjeux de demain. Mais qu’en est-il pour la construction neuve ?

Construire n’est pas un acte anodin sur le plan environnemental. En effet, même si les bâtiments neufs sont aujourd’hui très efficaces sur le plan énergétique une fois construits, la majeure partie de leur impact environnemental concerne la construction. Les conséquences en matière d’artificialisation des sols sont aussi à souligner : entre 2006 et 2014, la surface au sol dédiée à l’habitat a progressé plus vite que la population.

8 % de logements vacants (INSEE 2021)

Le panorama de la sous-occupation du parc se renforce lorsqu’on prend en compte également les logements habités de façon occasionnelle, par exemple les résidences secondaires (10 % du parc), ou les logements considérés comme sous-occupés (88 % des maisons individuelles et 45 % des logements collectifs).

Dans le tertiaire, peu de données existent sur les bureaux vacants et sur leur potentiel de transformation en logement. Les perspectives sur leur taux d’occupation sont largement bousculées par la transformation actuelle des pratiques, et notamment le télétravail.

4 millions de nouveaux logements d’ici à 2050

Dans ce panorama, le scénario le plus frugal des 4 élaborés par l’ADEME prévoit la construction neuve, entre 2015 et 2050, de 4 millions de logements. Dans les scénarios de rééquilibrage territorial, il est ainsi envisageable de transformer des résidences secondaires en résidences principales, par exemple pour y accueillir les nouveaux retraités ou télétravailleurs, ou de les utiliser toute l’année en associant un usage par les touristes ou les travailleurs saisonniers et un usage par les étudiants. 

Réutiliser l’existant, une diversité de solutions

Mieux utiliser l’existant s’impose donc comme une piste à creuser. Comment le faire advenir concrètement ? Pour cela, il faudra s’adapter à la diversité des ménages et des territoires.

Dans des zones périurbaines, où l’habitat est souvent homogène et composé de maisons individuelles, largement sous-occupées, et de propriétaires occupants, il est nécessaire de diversifier le parc pour y créer du locatif et des petits logements pensés pour des populations qui apprécient ce mode de vie périurbain.

Vers une nouvelle économie du bâtiment

Construire seulement lorsque nécessaire et après optimisation de l’existant aura des conséquences sur la filière économique de la construction neuve. Par exemple, si les entreprises du second œuvre peuvent imaginer un avenir où la rénovation prendra une place plus importante, les actifs du gros œuvre verront leur activité fortement impactée.

À côté de la rénovation massive du parc, incontournable de toute trajectoire de neutralité carbone à 2050, c’est un ensemble de nouvelles activités qu’il faut dès à présent imaginer : restructuration en masse de logements obsolètes ou vacants, changements d’usage des bureaux en logement, mais aussi déconstruction ou production de services aux occupants… Ainsi, la filière de la construction neuve est sans doute à l’aube d’une mue majeure qu’il faut anticiper dès maintenant.

Albane Gaspard, Chargée d’études, prospective, service bâtiment, Ademe (Agence de la transition écologique) et Jean-Christophe Visier, Conseiller prospective bâtiment et immobilier, CSTBAdeme (Agence de la transition écologique)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Source: Techni'Cités, le 07/07/2022